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Au G7, l’omniprésence de l’absent chinois

par Wilfrid Galand, directeur stratégiste de Bourse Direct, le 15 juin 2021

A eux deux, la Chine et les États-Unis représentent près de 40% des émissions de gaz à effet de serre de la planète. Ils représentent aussi plus de 1000 milliards de dollars d’investissement annuel en Recherche et développement. La solution à l’urgence climatique passe par un renforcement des coopérations, à l’image de ce qui a permis – après les hésitations et les méfiances des premiers mois - des avancées très rapides et spectaculaires dans la lutte contre la pandémie.

 

Même absente du G7, la Chine reste au centre de ses problématiques : géostratégie, infrastructures, climat et inflation, à chaque fois entre confrontation et partenariat.

Dès sa nomination au Secrétariat d’État de l’administration Biden, Anthony Blinken avait donné le ton sur le rival stratégique des États-Unis : « avec la Chine, nous serons concurrents quand nous pourront l’être, rivaux quand ce sera nécessaire, adversaires lorsqu’il le faudra et partenaires lorsque nous le devrons ». Quelques mois plus tard, c’est bien entre rivalités nécessaires et partenariats obligés que s’articulent les relations entre l’Occident et l’Empire du Milieu.

Le G7 qui vient de se terminer en constitue le parfait exemple. Après les années Trump, il devait marquer le grand retour du multilatéralisme. Dominé par les sujets fiscaux dont l’omni-présent « impôt minimal mondial », il a, de fait, été marqué par l’omniprésence dans les discussions du grand absent de cette enceinte, la Chine.

 

La rivalité est le sentiment dominant qui ressort de ces discussions.

Au plan géostratégique, l’objectif des Américains est de créer, ou plus exactement de re-créer un front uni des puissances occidentales, capable de s’opposer fermement aux tentatives des autorités de Pékin de s’imposer dans les relations internationales et l’économie mondiale.

A ce titre, l’organisation, vendredi 11 juin, au milieu des échanges au G7, de discussions bilatérales entre le Secrétaire d’Etat Blinken et Yang Yieshi, le plus haut responsable diplomatique du Parti Communiste chinois, est des plus symboliques. Trois mois après les vifs échanges à Anchorage en Alaska, les Etats-Unis ont une fois de plus insisté sur les sujets qui fâchent : Taiwan, Hong-Kong, Ouighours ou origine du CoVid-19, tout y est passé !

Prudents sur ces sujets, les autres membres du G7 ont préféré insister sur la nécessité de proposer au reste du monde des alternatives économiques constructives à la Chine. C’est ainsi que les sept ont conçu un programme de financement des infrastructures, appelé « Build Back Better World », susceptible de rivaliser avec les « Nouvelles Routes de la Soie » lancées en 2013. Néanmoins, doté d’une ambition de 100 milliards de dollars, il parait, à ce stade, bien incapable de rivaliser avec les quelques 2600 projets pour 3000 milliards de dollars de financement de son homologue chinois.

Mais au-delà des effets d’annonce et de l’indéniable rivalité stratégique entre les États-Unis et la Chine, un dialogue constructif est indispensable entre les deux géants et leurs alliés pour avancer de concert sur des sujets majeurs et construire l’autre face de la relation, le partenariat.

 

Le sujet des solutions climatiques.

A eux deux, la Chine et les États-Unis représentent près de 40% des émissions de gaz à effet de serre de la planète. Ils représentent aussi plus de 1000 milliards de dollars d’investissement annuel en Recherche et développement. La solution à l’urgence climatique passe par un renforcement des coopérations, à l’image de ce qui a permis – après les hésitations et les méfiances des premiers mois - des avancées très rapides et spectaculaires dans la lutte contre la pandémie.

 

Le sujet des grands équilibres financiers internationaux.

Les questions majeures de l’inflation tourne, par exemple, largement autour du rôle de la Chine. Après avoir exporté la désinflation grâce à ses coûts de production imbattables et à son réservoir démographique, la Chine inverse aujourd’hui la tendance : les salaires remontent, les coûts de production aussi et la main d’oeuvre est plus rare désormais. La prolongation, voire l’intensification de la guerre commerciale entre une « zone Amérique » et une « zone Chine » ne ferait qu’aggraver le problème.

Joe Biden doit donc trouver le moyen d’engager une désescalade des tensions malgré un Congrès très remonté. Un nouvel équilibre entre les USA, leurs alliés du G7, et la Chine serait un socle très prometteur pour éviter que les promesses de nouvelles « années folles » ne disparaissent. Les banques centrales y seront très attentives… et les marchés aussi !

 

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