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Le multilatéralisme chinois facilite l'accord de la COP15 sur la biodiversité

par Dirk Nimmegeers de Chinasquare.be, le 21 décembre 2022

La 15ème conférence des Nations unies sur la biodiversité, la COP15, a adopté un plan historique pour arrêter la perte de la diversité des espèces et inverser la tendance. Cet accord a été baptisé "Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal". Huang Runqiu, le ministre chinois de l'écologie et de l'environnement, et président de la COP15, aparlé d'un moment historique. Il a été vivement applaudi.

 

 

 

photo biodiversité Xinhua / Lian Yi avertissement
photo biodiversité Xinhua / Lian Yi avertissement

 

Un grand absentL'accord conclu à Montréal le 19 décembre doit assurer la réalisation de la Convention internationale sur la biodiversité de Rio de 1992. Tous les États membres des Nations unies, à l'exception des États-Unis, ont ratifié la Convention internationale sur la biodiversité. Les États-Unis l'ont seulement signée, raison pour laquelle ils n'ont pas participé aux discussions de la COP15 à Montréal et n'ont pas pu voter pour l'accord qui en est issu.

23 objectifs pour 2030En tant que présidente de la COP15, la Chine avait soumis à la dernière minute un projet de texte comportant 23 objectifs à atteindre d'ici 2030. Lorsque Huang Runqiu, le ministre chinois de l'écologie et de l'environnement qui a présidé la COP15, a pu annoncer, après les dernières heures passionnantes de négociations à huis clos, que le cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal avait été adopté, il a été accueilli par des applaudissements nourris et des acclamations. Huang Runqiu a parlé d'un moment historique.

Des promesses clés pour la biodiversitéLes 196 participants (195 pays + l'UE) à la convention se sont engagés à conserver au moins 30 % des terres et des océans de la planète d'ici à 2030. Ils augmenteront également le soutien financier annuel des pays développés pour aider les pays en développement à protéger la biodiversité. On estime qu'un déficit de financement de 700 milliards de dollars devra être comblé au cours des dix prochaines années pour réaliser effectivement les engagements. Par conséquent, les signataires du cadre s'engageront conjointement à verser un minimum de 200 milliards de dollars pour chacune des années suivantes. Cet argent proviendra de sources publiques et privées. Les pays du Nord se sont engagés à aider les pays en développement, les petits États insulaires et les "pays en transition" à raison d'au moins 20 milliards de dollars par an d'ici 2025, et jusqu'à 30 milliards de dollars par an d'ici 2030. Les subventions gouvernementales nuisibles à la nature seront réduites d'au moins 500 milliards de dollars par an.

Importance des peuples autochtones et de l'égalité des sexesLes droits des peuples indigènes et le suivi de l'égalité des sexes figurent en bonne place dans l'agenda de la mise en œuvre de cette convention. Dans une déclaration, le Forum international des peuples autochtones remercié Huang Runqiu, le président de la COP15, d'avoir inclus "un langage clair sur le respect des droits des peuples autochtones et des communautés locales" dans le texte du traité.


Éloge de la ChineLe ministre canadien de l'environnement et du changement climatique, Steven Guilbeault, manifestement très heureux des résultats de la COP15 qui s'est tenue à Montréal, a félicité la délégation chinoise qui en a tenu la présidence. Il a déclaré : "ils ont fait un travail fantastique, nous avons travaillé en étroite collaboration et c'était un excellent partenariat". Cela fut confirmé par Hugo Maria Schally, conseiller de l'Union européenne pour les négociations internationales. Lors de la première partie de la COP15 à Kunming en octobre dernier, le président chinois Xi Jinping avait déjà donné le bon exemple en investissant 1,5 milliard de yuans (215 millions de dollars) dans la création du Fonds pour la biodiversité de Kunming, destiné à soutenir la protection de la biodiversité dans les pays en développement.

Le rôle de Xi JinpingXi a invité d'autres pays à y contribuer en octobre 2021. Le président chinois a réitéré son appel en décembre 2022. Selon la Chine, "la solidarité et la coopération sont les seuls moyens efficaces de relever les défis mondiaux tels que la protection de la biodiversité et la pandémie de Covid19". Xi appelle déjà à un soutien accru aux pays en développement afin qu'ils puissent renforcer leur capacité à lutter contre le changement climatique et pour la protection de la biodiversité. Heureusement, des pays comme le Canada, le Royaume-Uni, l'Australie, le Japon, la Norvège, l'Allemagne, la France, l'Espagne et les Pays-Bas, ainsi que l'Union européenne dans son ensemble, se sont maintenant engagés à augmenter leur soutien financier aux pays en développement en matière de biodiversité. Il est probable que les États-Unis, qui, comme mentionné ci-dessus, n'ont pas participé à l'accord, envisageront également un tel soutien financier.

AlerteBien entendu, il reste à voir ce que donneront réellement ces grandes promesses. Plusieurs organisations environnementales, dont des ONG telles que Campaign for Nature et Conservation International, en assureront le suivi. Jusqu'à présent, les gouvernements, les philanthropes, les entreprises et les investisseurs se seraient effectivement engagés à verser 8,3 milliards de dollars par an. La création d'un nouveau fonds pour la biodiversité est l'un des éléments clés du cadre mondial pour la biodiversité conclu entre Kunming et Montréal. Il fera partie du Fonds pour l'environnement mondial des Nations unies. Il s'agit d'un compromis entre les pays en développement, qui souhaitaient un nouveau fonds, et les pays développés, qui ne le souhaitaient pas.

Solution multilatéraleDans l'ensemble, la diplomatie chinoise du multilatéralisme a remporté ici une brillante victoire : un accord a été trouvé par la communauté internationale pour s'attaquer à un problème mondial par une large coopération, avec un rôle central pour les Nations unies. Un accord qui prend en compte les problèmes auxquels de nombreux pays sont confrontés en raison de l'impérialisme et du colonialisme. Il s'agit de thèmes et de propositions que la Chine a inscrits à son agenda géopolitique depuis des années.


Le texte du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal peut être consulté ici: https://www.cbd.int/article/cop15-cbd-press-release-final-19dec2022


Sources :

cbd.int (site web de la COP15), unep.org (site web de l'organisation environnementale des Nations unies), China Daily, myzaker.com (nouvelle société de médias chinoise), campaignfornature.org, conservation.org, iifb-indigenous.org,Politico, Friends of Socialist China, WikipediaURL de l'article en neerlandais:

https://www.chinasquare.be/succes-vn-conferentie-biodiversiteit-mede-onder-impuls-van-china/