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La marche forcée de la Chine en faveur du nucléaire

par Claude Fouquet pourLes Echos, le 14 juin 2021

En vingt ans, la Chine a multiplié par dix le nombre de ses centrales nucléaires. Une course dictée par la volonté de tourner le dos au charbon et de s'émanciper de l'Occident. Avec Taishan, Pékin a mis en service le premier réacteur EPR au monde. Et depuis 2020, les premiers réacteurs à eau pressurisée de troisième génération 100 % chinois ont été raccordés au réseau électrique du pays.

 

La Chine dispose actuellement de 50 réacteurs nucléaires opérationnels et en a encore 14 en construction. (Wang Chun/Costfoto/Sipa USA/SIPA)
La Chine dispose actuellement de 50 réacteurs nucléaires opérationnels et en a encore 14 en construction. (Wang Chun/Costfoto/Sipa USA/SIPA)

 

La vitrine du nucléaire chinois est-elle en train de se fissurer ? Les inquiétudes exprimées par Framatore et EDF sur un incident a priori sans fuite à la centrale EPR de Taishan ternissent l'image du fer de lance chinois du nucléaire français. Et pourraient gêner les grandes ambitions de la Chine en matière d'atome.

La centrale de Taishan est toujours à ce jour, l'unique centrale EPR pleinement opérationnelle en Chine et dans le monde. Elle peut produire et distribuer sur le réseau électrique jusqu'à 24 TWh d'électricité, assez pour assurer les besoins en électricité de quelque 5 millions de citoyens chinois.

 

Assurer la transition écologique chinoise

Les deux EPR de Taishan sont un maillon essentiel dans la volonté de Pékin de privilégier le nucléaire pour faciliter sa transition écologique. Et ainsi tourner le dos à l'utilisation du charbon, une des grandes volontés affichées par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir.

De fait, Pékin, qui se rêve en leader mondial du nucléaire, a multiplié par 10 le nombre de ses centrales en fonctionnement au cours des vingt dernières années. Le pays dispose actuellement de 50 réacteurs nucléaires opérationnels et en a encore 14 en construction. Une politique qui permet au pays de revendiquer la troisième place mondiale en nombre de réacteurs opérationnels et la première en ce qui concerne les unités en construction.

 

 

La production d'énergie nucléaire par les réacteurs du groupe CNNC (China National Nuclear Corporation) a été officiellement de 148,841 milliards de kilowattheures en 2020. « Ce qui équivaut à une réduction des émissions de dioxyde de carbone de 119.133.700 tonnes ou à un reboisement de 408.000 hectares », se plaisaient à souligner les autorités au printemps dernier.

Ces dernières y voient au passage l'opportunité de montrer au reste du monde leur capacité d'innovation et d'émancipation de l'industrie occidentale. En 2020, le premier réacteur 100 % chinois, le « Hualong-One » (« dragon » en mandarin) a été connecté au réseau électrique.

 

Quatre nouvelles centrales par an

Et Pékin est loin de vouloir en rester là puisque le pays affiche le désir de doubler la part du nucléaire dans la production d'électricité, pour la faire passer à 10 % en 2035. A plus court terme, le 14e plan quinquennal rendu public en mars dernier indique que la Chine devra « construire de manière active et ordonnée des centrales nucléaires de génération III en bord de mer », sur sa côte sud-est qui est la partie la plus développée économiquement. Et atteindre, à cette date une capacité nucléaire de 70 GW. 

Concrètement, cela représente donc 19 GW supplémentaires connectés au réseau, soit l'équivalent de la mise en service chaque année de près de quatre centrales.

 

 

URL de l'article: https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/avec-le-nucleaire-et-lepr-de-taishan-pekin-veut-assurer-sa-transition-ecologique-1323431