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Pourquoi les Chinois ont compris l'écologie mieux que nous

par Eric Brunet, le 21 septembre 2018

Depuis quelques jours, Nicolas Hulot a retrouvé sa jolie villa de Saint-Lunaire, en Ille-et-Vilaine. Bon débarras. Duflot-Jadot-Hulot : plus jamais ça. Depuis des années, ces militants de l’apocalypse répètent leurs imprécations stériles : “les lobbies nous tuent”, “le monde meurt”, “la planète vit ses dernières heures”. Leur manichéisme digne de Oui-Oui nous donne à voir un monde binaire, peuplé de méchants lobbyistes à la solde du grand capital et de pauvres victimes en sursis. Cette vision décroissante et régressive est à mille lieues de l’écologie, la vraie, celle qui avance.

 

 

Il suffit de regarder vers la Chine. Pékin a adopté cette année une nouvelle loi fiscale sur la protection de l’environnement. Puis il a annoncé son ambition de devenir un champion mondial de l’écologie. Lors des accords de Paris, il s’est aussi engagé à réduire considérablement son intensité carbone d’ici à 2030. Selon Bloomberg New Energy Finance, les investissements chinois dans les énergies propres se sont élevés à 132,6 milliards de dollars (114 milliards d’euros) en 2017, représentant près de 40 % du total mondial. « Le leadership de la Chine a été vraiment exceptionnel. Je veux réaffirmer la gratitude des gens du monde entier envers la Chine », s’est exclamé Al Gore, ancien viceprésident des États-Unis.

En Chine, la ville de Shenzhen a initié une véritable révolution verte. Les autorités ont décidé d’interdire diesel et moteurs thermiques dans les transports publics. Hier simple village de pêcheurs, Shenzhen est devenu une mégapole de 12 millions d’habitants, innovante et de plus en plus propre. Désormais, 100 % des bus sont électriques. En moins de neuf ans, toute la flotte a été remplacée : 16 359 bus électriques. La ville économise ainsi 345 000 tonnes de carburant et évite de rejeter 1,5 million de tonnes de CO2 chaque année.

Tout cela a été rendu possible par les volontés politiques de l’État et de la ville. Très vite, entreprises et industriels ont phosphoré, créé, innové, inventé des solutions nouvelles. C’est le géant de l’automobile électrique chinois Byd qui a remporté cet immense marché. Dans la foulée, la ville a décidé d’électrifier tous ses taxis. L’usine tourne déjà à plein régime, et 12 000 taxis seront remplacés d’ici à décembre. Une rapidité d’exécution vertigineuse. Paris, lui, vise une flotte de bus électriques… d’ici à 2025.

ShenZhen en
ShenZhen en "zone économique spéciale"

 

Les Chinois n’ont pas sorti de terre des mégapoles vertes sans leurs industriels, leurs économistes, leur administration, leurs ingénieurs. Et pourtant, à Pékin, aucun ministre de l’Écologie ne s’est octroyé un magistère absolu sur les actions environnementales. Bien au contraire, l’écologie est devenue le sujet de tout un peuple, optimiste et ambitieux. Affaire de mentalité, sans doute. Le président chinois n’a-t-il pas annoncé que son pays deviendrait bientôt la première puissance du monde grâce à l’intelligence artificielle ? 90 % des Chinois pensent que celle-ci est une bonne chose pour le pays. Dans la France dépressive, seul un petit tiers de la population partage cette croyance.

L’exemple chinois nous renvoie à la médiocrité de cette écologie française dont on dit qu’elle a tout de la pastèque, “verte dehors, rouge dedans”. À cet égard, la nomination au poste de ministre de la Transition écologique de François de Rugy, un macroniste vert pâle, pragmatique et non idéologue, est plutôt une bonne nouvelle. J’espère que l’ancien président de l’Assemblée nationale réconciliera l’écologie et l’économie et qu’il ne versera pas dans les prophéties catastrophistes, comme ces gourous d’Europe Écologie-Les Verts qui ont entraîné la réflexion environnementale en France vers la décroissance et la critique masochiste de notre modèle. J’espère que la France sortira de l’impasse mortifère de l’écologie punitive. Car, à l’instar des Chinois, il est temps que nos compatriotes se mettent à aimer l’écologie moderne, technologique, connectée, innovante, pragmatique, et surtout débarrassée de ses vieux oripeaux gauchistes et anticapitalistes.

 

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