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A propos de la lutte de la Chine contre le Covid-19, apprendre de la Chine

de Marc Püschel, le 9 mai 2020

traduit de l'allemand par Albert Ettinger

La Chine a maîtrisé l'épidémie de Covid 19 si rapidement qu'il y a une incrédulité généralisée en Occident - mais une vision impartiale de la République populaire suffit à expliquer son succès. Le système de santé chinois est passé par trois grandes phases.

 

La première, sous Mao Zedong, a été caractérisée par le développement rapide des soins en milieu rural par plus de 200 000 "médecins aux pieds nus" formés de façon rudimentaire. Ce seul fait a permis d'augmenter l'espérance vie moyenne de 44 (1949) à 66 ans (1980) dans le pays, qui avait été dévasté par la guerre mondiale et civile.

Dans une deuxième phase, sous la direction de Deng Xiaoping, des compétences et des chercheurs étrangers ont été amenés dans le pays et des hôpitaux ont été créés sous la forme de "partenariats public-privé" dans lesquels l'État conservait le pouvoir final de disposition. Entre-temps, la Chine elle-même est devenue un innovateur, comme en témoignent non seulement sa position de leader dans les demandes de brevet et le premier prix Nobel chinois de médecine 2015, mais aussi la mise au point du premier vaccin test au monde contre le SRAS-CoV-2 par le virologiste Chen Wei.

La troisième phase a commencé en réponse aux lacunes créées par la politique de privatisation et à l'épidémie de SRAS en 2002/2003. Depuis lors, Pékin a investi à une échelle historiquement sans précédent dans le développement des soins de santé de base pour tous. Les dépenses publiques dans le secteur de la santé ont été multipliées par 14 depuis 2003. Pour la première fois, une gamme de polices d'assurance santé a été créée pour la population, dont certaines sont volontaires, mais avec des primes annuelles équivalant à 20 à 220 euros par an, si peu coûteuses que la population chinoise était déjà assurée à 95 % en 2014. Un système d'alerte précoce a été mis en place spécifiquement pour les maladies pulmonaires, qui a tiré la sonnette d'alarme dans le cas de Covid-19 alors qu'il n'y avait que 27 patients atteints de pneumonie atypique.

Dans le cadre du programme "Chine saine 2020", adopté en octobre 2009, la formation médicale a bénéficié d'un soutien considérable, ce qui a permis d'augmenter le nombre de médecins pour 1 000 habitants de 1,75 (2009) à 2,59 (2018). Le nombre d'infirmières diplômées a plus que doublé au cours de la même période, passant de 1,39 à 2,94 pour 1 000 habitants. Grâce à ces mesures, l'espérance de vie recensée tous les cinq ans était déjà de 76,34 ans en 2015.

Alors que les hôpitaux sont réduits en Occident, un boom sans précédent de la construction d'hôpitaux a commencé sous Xi Jinping. En 2013, il y avait 24 709 hôpitaux, et en 2018, dernière année pour laquelle des statistiques sont disponibles, il y en avait déjà 33 009 - une augmentation d'environ 34 % en cinq ans ! L'expérience ainsi acquise par les entreprises publiques de construction a permis de construire l'hôpital "Huoshenshan" à Wuhan, avec plus de 1 000 lits, en seulement huit jours à la fin du mois de janvier. Au total, 12 000 personnes de la ville ont été hébergées dans des cliniques construites provisoirement. L'économie planifiée de l'État a également créé les conditions cadres pour contenir le virus en réglementant les prix de tous les biens importants, en assurant l'approvisionnement en nourriture et en fournissant des soins de santé gratuits à toutes les personnes touchées en quarantaine.

Hôpital de Wuhan construit en 9 jours pour accueillir les patients du coronavirus
Hôpital de Wuhan construit en 9 jours pour accueillir les patients du coronavirus

 

Cependant, à coté des mesures du gouvernement central, les activités des comités de quartier locaux n’ont été pas moins décisives. Ce sont ces comités, dirigés par des fonctionnaires du parti communiste de base, qui allaient de maison en maison pour trouver les malades et distribuer de la nourriture et des médicaments. En conséquence, le 9 février, près de 99 % de la population de Wuhan avait été testée dans le cadre d'un effort collectif massif. Début mars, 53 de ces courageux militants sont morts eux-mêmes de Covid-19, dont 49 membres du PC.

Rien de tout cela n'aurait été possible sans une volonté politique correspondante. Il n'a jamais été question en Chine de sacrifier les personnes âgées ou de prendre en compte les intérêts du capital.

On n’a pas hésité à annuler les célébrations du Nouvel An chinois et à mettre en quarantaine 60 millions de personnes : des mesures qui ont été vivement saluées dans la revue médicale The Lancet.

Alors qu'en Occident chaque pays, voire chaque comté, doit se battre pour lui-même, le gouvernement chinois a envoyé plus de 42 000 médecins, infirmières et autres personnels dans la province de Hubei. Le Global Times chinois a commenté à juste titre le 15 mars : "Le système politique occidental n'a pas la capacité de se mobiliser à une telle échelle. Dans le système de gouvernement occidental, la manière dont la Chine lutte contre le virus ne peut être copiée." Cela pourrait être une mauvaise nouvelle pour nous, en tant que victimes potentielles de la pandémie actuelle. Mais cela signifie aussi que notre lutte pour l'ensemble, pour un système socialiste, est à la fois nécessaire et justifiée."

 

source:

article paru dans le quotidien allemand Junge Welt à propos de la lutte de la Chine contre le Covid-19 et traduit par Albert Ettinger, le 9 mai 2020