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Barrage des Trois Gorges : protection de la nature et hydroélectricté vont de pair

par Lin Xiaoyi pour Global Times, le 20 avril 2021

Grâce à un usage intensif de l'énergie hydroélectrique, une énergie renouvelable, le gigantesque barrage des Trois Gorges contribue au projet de la Chine de diminuer drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre. Le pays tente par tous les moyens de réduire son impact sur l'environnement. Au barrage des Trois Gorges, la plupart des espèces locales de poissons et de plantes se rétablissent, certaines ont même une population plus importante qu'avant la construction du barrage.

Les experts contactés par Global Times n'ont pas dissimulé les impacts du barrage des Trois Gorges sur l'écologie du fleuve Yangtze; certaines espèces de poissons ont dû changer leurs habitudes de vie. Mais selon eux, ces impacts ne sont tous négatifs. Les gouvernements locaux sont intervenus pour aider au mieux l'écologie du fleuve, par exemple, en lâchant dans le fleuve des espèces élevées artificiellement en vue d'augmenter leur population naturelle.

 

 

Paysage le long des Trois Gorges au printemps dans le comté de Zigui, province du Hubei (Photo : IC)
Paysage le long des Trois Gorges au printemps dans le comté de Zigui, province du Hubei (Photo : IC)

 

Des actions de restauration proactives

10.000 esturgeons chinois, connus sous le nom de "panda dans l'eau", ont récemment quitté leur élevage et ont plongé dans le fleuve Yangze à Yichang, dans la province de Hubei, en Chine centrale. Ils sont censés se déplacer en aval pour rejoindre l'océan et revenir au bout de 10 ans pour frayer dans le Yangze.

L'esturgeon chinois est une espèce phare du fleuve Yangze, l'évolution de ses conditions de survie reflète le sort des autres espèces de poissons et de plantes dans la zone du réservoir des Trois Gorges.

Le barrage des Trois Gorges est le plus grand projet de retenue d'eau en Chine. Il a été activé en 1997 et a retenu l'eau jusqu'à 175 mètres, son niveau d'exploitation maximum, en 2010, créant un réservoir géant de 600 kilomètres de long dans la section fluviale de Chongqing à Yichang.

"Le réservoir en terrasses a modifié les conditions hydrologiques et bloqué les voies de migration de certains poissons, ce qui a affecté les ressources aquatiques du réservoir à des degrés divers", a déclaré Zhao, un expert de l'Institut d'hydroécologie dépendant du ministère des Ressources en eau et de l'Académie chinoise des sciences.

Certains experts ont estimé que le nombre d'esturgeons chinois migrant de la mer pour pondre leurs œufs en amont était tombé de 2000 en 1985 à 500 en 2005.

L'équipe de recherche de Zhao a constaté que la variété d'espèces de poissons dans la zone du réservoir des Trois Gorges a aussi diminué entre les années 1980 et 2015. "Ce phénomène est lié à la surpêche dans le fleuve Yangze, mais il est aussi inévitablement lié à l'exploitation de la retenue du barrage", a déclaré Zhao.

Afin de protéger la biodiversité du Yangze, la China Three Gorges Corporation (CTG) a créé deux instituts consacrés respectivement à la recherche et au contrôle de la faune et de la végétation, en particulier des espèces protégées.

Du Hejun, chef de la section technologique de conservation des espèces au Centre de conservation des poissons rares du fleuve Yangze de la Société des Trois Gorges, l'un des deux instituts, a déclaré que certains poissons du Yangze peuvent avoir changé leurs habitudes de vie depuis la formation du réservoir.

"Les réservoirs ont fourni un habitat plus diversifié pour les poissons. Les poissons ayant des exigences hydrologiques moins strictes ont vu leurs populations se rétablir progressivement après s'être adaptées à leur nouvel environnement. Ce phénomène, associé à l'interdiction de la pêche à long terme et aux activités de reproduction et de relâchement artificiels, a permis d'accroître la diversité des espèces de poissons dans la zone du réservoir", a déclaré Du au Global Times. Du a noté qu'au cours des dernières décennies, la CTG a continuellement encouragé la recherche sur l'impact écologique du barrage. La CTG a ainsi pu maîtriser la technologie de protection des espèces, comme le cycle complet de la reproduction de l'esturgeon chinois, y compris la surveillance de la migration après la libération.

 

 

Transfert des esturgeons chinois sur un site de relâchement, le 10 avril 2021 à Yichang, dans la province de Hubei (Photo : Li Hao/GT)
Transfert des esturgeons chinois sur un site de relâchement, le 10 avril 2021 à Yichang, dans la province de Hubei (Photo : Li Hao/GT)

 

Pour créer un environnement aquatique propice à la reproduction des poissons, la CTG mène depuis de nombreuses années un projet spécial de "régulation biologique" qui consiste à créer des "pics de crue" artificiels en ajustant la programmation de la cascade des barrages Xiluodu-Xiangjiaba-Three Gorges, pour qu'elle corresponde aux conditions de montée des eaux nécessaires à la reproduction des poissons dans le fleuve Yangze.Du a noté que de 2011 à 2020, le barrage des Trois Gorges a programmé 14 "pics de crue" artificiels.

D'après les résultats de 2019, la taille totale du frai des quatre principales espèces de carpes chinoises dans la section Yidu du fleuve Yangze a atteint environ 3 milliards, ce qui était déjà comparable au niveau d'avant la construction du barrage."La construction industrielle et la protection écologique du projet des Trois Gorges ont été menées simultanément", a déclaré Huang Guiyun, directeur adjoint de l'Institut de recherche sur les plantes rares du fleuve Yangze de la CTG.Huang a noté que face à la possibilité que certaines plantes et poissons sauvages disparaissent après la mise en activité du barrage des Trois Gorges, le gouvernement chinois a envoyé des chercheurs dès 1992 pour enquêter sur la répartition des plantes et poissons rares et mener des travaux de protection ciblés.

"Fin 2018, les 560 espèces de plantes rares qui auraient pu s'éteindre et qui avaient été répertoriées dans le rapport d'évaluation environnementale avaient été efficacement protégées, aucune d'entre elles ne s'est éteinte. En décembre 2020, l'institut a répertorié 1.181 espèces et 180.000 plantes rares du fleuve Yangze qui ont été efficacement protégées", a-t-elle ajouté.À l'heure actuelle, l'institut mène également des recherches sur la restauration écologique de la zone de fluctuation du niveau d'eau dans le barrage des Trois Gorges.

Une zone expérimentale de 17.500 mètres carrés a été délimitée pour permettre aux semis de plantes rares d'être cultivées en laboratoire et de migrer ensuite en douceur vers leur environnement naturel.L'équipe de recherche dirigée par Huang passe la moitié de l'année sur le terrain et le reste au laboratoire. "Par rapport à la compétition naturelle pour la survie des plus aptes, la protection de la végétation dans la zone du réservoir des Trois Gorges a en fait mieux réussi avec l'intervention humaine qu'avant la construction du barrage", a-t-elle ajouté.

 

 

 

Bassins d'élevage d'esturgeons chinois au Centre de protection des poissons rares de la Société des Trois Gorges. Photo:Li Hao/GT
Bassins d'élevage d'esturgeons chinois au Centre de protection des poissons rares de la Société des Trois Gorges. Photo:Li Hao/GT

"Le barrage des Trois Gorges est un projet de protection de l'environnement qui a non seulement réussi à dompter les inondations le long du fleuve Yangze, mais qui a également contribué à limiter les émissions de carbone en promouvant l'énergie verte", a déclaré Moinul Haque, l'ambassadeur du Pakistan en Chine, lors de sa participation à l'activité de relâchement d'esturgeons chinois à Yichang. Selon les estimations de l'Académie chinoise d'ingénierie, le bénéfice moyen pluriannuel du projet des Trois Gorges en matière de contrôle des inondations s'élève à environ 8,8 milliards de yuans (1,35 milliard de dollars).


"Le contrôle des inondations grâce au projet des Trois Gorges a donné à la ceinture économique du fleuve Yangze une solide barrière écologique, offrant à des dizaines de millions de résidents un environnement de vie et de développement sécurisé. Il a également permis à l'écosystème du bassin fluvial d'évoluer sans problèmes", a déclaré Zhong Zhiyu, ingénieur en chef du Comité des ressources en eau de Changjiang, au Global Times

.En termes d'économie d'énergie et de réduction des émissions, le projet des Trois Gorges est le "moteur vert" de la construction d'une Chine propre et à faible émission de carbone, a ajouté Zhong.Les statistiques de la CTG ont montré que la centrale des Trois Gorges a produit 111,8 milliards de kWh d'électricité propre en 2020, ce qui peut fournir environ 8 mois de consommation d'électricité à la ville de Shanghai (sur la base des données de consommation d'électricité de 2019).

La centrale hydroélectrique peut remplacer environ 34,39 millions de tonnes d'électricité produite par du charbon standard et réduire les émissions de CO2 d'environ 94,02 millions de tonnes, ce qui équivaut à la plantation de 370.000 hectares de forêts à larges feuilles.

 

 


"Le projet des Trois Gorges reflète la transformation progressive de la Chine et de son peuple, de plus en plus désireux de protéger l'environnement au fil des ans", a noté M. Zhong."Dans le passé, de nombreuses personnes n'acceptaient pas le développement de l'hydroélectricité, mais aujourd'hui, nous sommes fiers du barrage des Trois Gorges, il nous a incités à être plus actifs dans la restauration de la biodiversité du fleuve Yangze", a déclaré Yuan Ximei, vice-président des « Travailleurs de la fourmilière des Trois Gorges » (TGAW), une ONG basée à Yichang qui s'engage depuis longtemps à protéger l'écologie des Trois Gorges.

Depuis sa création, il y a cinq ans, la TGAW s'est constituée avec une équipe de bénévoles ; elle compte près de 350 membres et a déjà organisé 661 activités environnementales et collecté près de 1.000 tonnes de déchets le long des Trois Gorges."Nous espérons également mettre nos empreintes environnementales du côté des Trois Gorges, en gardant nos collines vertes et nos eaux claires avec ce grand projet national", a déclaré Yuan.


URL de l'article en anglais:  https://www.globaltimes.cn/page/202104/1221602.shtml