Promouvoir une « gouvernance multidimensionnelle » pour la conservation des espèces sauvages

par Wang Wenye pour China.org.cn, le 29 avril 2021

« Pour atteindre le "double objectif carbone" (réduction des émissions de CO2, et neutralité carbone), la séquestration efficace du carbone ou l'évitement des émissions inutiles est un moyen crucial, et c'est précisément ce qui rendra possible la protection de la faune sauvage et de son habitat », souligne Zhang Boju, directeur général de l'ONG environnementale chinoise Friends of Nature. Il note que ces dernières années, le travail de protection de la faune est devenu de plus en plus scientifique et systématique ; la législation et l'application de la loi sont de plus en plus strictes, et la sensibilisation du public à l'écologie et à la protection de l'environnement a progressé.

 

Amélioration du droit environnemental 

Après l'entrée en vigueur en janvier 2015 d'une nouvelle loi sur la protection de l'environnement, les plaintes d'intérêt public en matière d'environnement ont émergé en Chine. En novembre 2020, le projet de révision de la loi sur la protection des espèces sauvages a été ouvert aux suggestions du public. Cette amélioration continue des lois encadrant l'écologie et la protection environnementale a encouragé la participation judiciaire à la gouvernance environnementale et est devenue un élément important du système de gouvernance en matière de droit environnemental.

Un paon spicifère (Photo fournie par Friends of Nature)
Un paon spicifère (Photo fournie par Friends of Nature)

 

Zhang Boju donne l'exemple du paon spicifère, seul paon indigène de Chine, dont la population compte moins de 500 individus dans le pays, ce qui le rend plus rare que le panda géant. Cette espèce en danger a été inscrite sur la liste nationale des espèces sauvages protégées de premier plan et désignée comme espèce en danger sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En mars 2017, après la découverte du dernier habitat intact du paon spicifère dans la zone de réservoir d'une centrale hydroélectrique en construction au niveau de la rivière Jiasha sur le lit majeur du fleuve Rouge (province du Yunnan), Friends of Nature et d'autres organisations environnementales de la société civile ont envoyé une lettre de recommandation urgente au ministère de la Protection de l'environnement d'alors, suggérant un moratoire sur le projet hydroélectrique pour préserver cet habitat.

Une équipe de Friends of Nature travaille sur le fleuve Rouge, dans la province du Yunnan, pour la protection du paon spicifère (Photo fournie par Friends of Nature)
Une équipe de Friends of Nature travaille sur le fleuve Rouge, dans la province du Yunnan, pour la protection du paon spicifère (Photo fournie par Friends of Nature)

« L'article 58 de la nouvelle loi sur la protection de l'environnement de la République populaire de Chine, entrée en vigueur en janvier 2015, donne aux organisations sociales le droit d'intenter des actions en justice relevant de l'intérêt public en matière d'environnement. C'est ainsi que nous avons pu déposer une plainte en juillet 2017 ; le dossier officiel a été déposé en août, après quoi la construction de la centrale hydroélectrique a été suspendue. Il s'agissait du premier procès d'intérêt général préventif pour la protection d'une espèce sauvage en Chine. Nous avons mené un travail de prévention en intentant une action en justice avant que l'habitat ne soit détruit. Le verdict a estimé que cette zone en construction au niveau de la rivière Jiasha était une base écologique pour des espèces rares telles que les paons spicifères et le projet a été immédiatement arrêté. Les autorités écologiques et environnementales ont inclus la majeure partie de la zone de réservoir de la centrale hydroélectrique dans la ligne rouge de protection écologique », détaille Zhang Boju.

 

Réduction de carbone et protection de la biodiversité vont de pair

Cette année est une année cruciale dans la lutte contre le changement climatique. Lors du Sommet des dirigeants sur le climat qui s'est tenu le 22 avril, le président chinois Xi Jinping a expliqué pour la première fois de manière complète et systématique le concept de « communauté de vie pour l'homme et la nature ». La Chine s'efforcera d'atteindre son pic d'émissions de carbone d'ici 2030 et la neutralité carbone à l'horizon 2060, une décision stratégique majeure fondée sur l'exigence inhérente à la promotion de la construction d'une communauté d'avenir partagé et à la réalisation du développement durable.

« L'engagement de la Chine à atteindre ce "double objectif carbone" nous incite à réexaminer la voie et le rythme de notre développement, à réfléchir à la manière de faire cohabiter plus harmonieusement l'homme et la nature et à examiner avec plus de prudence certains projets contre-productifs, ce qui nous permettra de protéger plus d'espèces sauvages et l'habitat dont elles dépendent », souligne Zhang Boju.

Le « double objectif carbone » exige selon lui une solution reposant sur la nature, en associant la conservation de la biodiversité au défi du changement climatique. « Lorsque nous protégeons la biodiversité, notamment dans le cadre du processus de protection des espèces et des écosystèmes, de nombreuses forêts, prairies, zones humides et océans sont à leur tour protégés plus efficacement, et en tant qu'« arches de Noé » de la biodiversité, ils peuvent également jouer un rôle important dans la séquestration du carbone. Pour atteindre le "double objectif carbone", notamment celui de la neutralité carbone, il est nécessaire de limiter les émissions non essentielles d'une part, et de s'efforcer d'absorber et de capturer efficacement le carbone d'autre part ; cela constitue précisément la condition préalable à la protection de la faune sauvage et de son habitat. »

 

Une « gouvernance multidimensionnelle » pour faire participer l'ensemble de la communauté aux efforts de conservation 

Ces dernières années, afin de mieux protéger l'écosystème et la diversité des espèces, l'État et les organisations environnementales ont mené un grand nombre d'actions de sensibilisation pour inciter l'ensemble de la société à s'intéresser activement à la protection de la faune. Le respect de la loi, l'interdiction de chasser et de commercialiser des espèces sauvages protégées et menacées ou des produits issus de ces espèces sont des mesures qui ont progressivement fait consensus dans la société.

« Outre les efforts conjoints des ministères, des institutions judiciaires et des organisations de la société civile, la protection de la faune nécessite également une participation de l'ensemble de la société pour une "gouvernance multidimensionnelle". Cela va de la sensibilisation à l'action, pour que les gens ne mangent pas de gibier, ne consomment pas de produits issus d'espèces sauvages et que toute la chaîne de consommation illégale perde son marché ; ce sont des actions à la portée de chacun et qui sont très efficaces pour protéger les espèces », note Zhang Boju.

Sur la plateforme de microblogging Weibo, l'expression « J'apporte ma pierre à l'édifice de la nouvelle loi sur la protection des espèces » diffusée par Friends of Nature a été lu 17,81 millions de fois et a été mentionné dans 21 000 discussions depuis mars 2020. Des milliers de personnes de la société civile ont discuté du sujet de la protection des espèces sauvages avec les députés de l'APN, ainsi qu'avec des experts juridiques et des scientifiques, en apportant leurs idées et leur voix. C'est une preuve évidente de la sensibilisation croissante du public et du passage à l'action.

« Comment encourager une plus grande mobilisation sociale dans des actions concrètes de conservation, en association avec les instituts de recherche et les administrations pour former une force commune ? Comment parvenir à un équilibre des ressources de protection entre les "espèces vedettes" et les espèces moins connues ? Ce sont des thèmes sur lesquels nous travaillerons dans les années à venir », explique Zhang Boju.