Gestion de l'eau dans la réserve de Sanjiangyuan

par Elisabeth Martens, le 10 octobre 2025

Situé dans le comté de Madoi, au sein de la préfecture autonome tibétaine de Golog, dans la province du Qinghai, le lac Ngoring, l’une des sources du fleuve Jaune, dévoile sa beauté paisible et délicate en cette saison automnale. Connu comme le « district aux mille lacs », Madoi se trouve à une altitude moyenne de 4.500 mètres et constitue

la zone centrale du Parc national de Sanjiangyuan (ou Sources des trois rivières), dans la partie concenrant les sources du fleuve Jaune. Ces dernières années, la préfecture de Golog a appliqué une gestion intégrée des montagnes, cours d’eau, forêts, terres agricoles, lacs, prairies et zones sablonneuses, mettant en œuvre des projets écologiques majeurs tels que l’initiative de protection et de construction écologique de la réserve de Sanjiangyuan. La superficie du lac Ngoring a ainsi augmenté de 117,4 km², et celle des zones humides de l’ensemble de la préfecture de 104 km².

 

 

 

Un projet pilote national de gestion de l'eau

En 2016, un projet pilote lancé par le gouvernement central visait à tester un nouveau système de gestion de l'eau des parcs nationaux. La réserve de Sanjiangyuan a été choisie comme terrain d'expérimentation.

Elle a été divisée en trois types de zones : zones humides, zones de protection de la faune, zones arbustives et forestières. Chacune de ces zones a elle-même été divisée en trois, du centre vers la périphérie : une zone centrale, une zone tampon et une zone expérimentale.

La zone centrale était sévèrement contrôlée, avec interdiction de pâturage, elle devait répondre à des mesures de protection draconiennes, tous les habitants de la zone avaient été délocalisés et toute utilisation du terrain à des fins économiques était proscrite. C'était une sorte de zone de non-droit.

La zone tampon encourageait la conservation et la protection des espèces, mais autorisait un pâturage limité, en rotation.

Les zones expérimentales sur le pourtour devaient répondre aux mêmes critères que les zones tampons mais elles pouvaient aussi être utilisées pour des recherches scientifiques, pour le développement d'industries vertes et pour l'écotourisme.

Une plate-forme a été créée pour améliorer la surveillance écologique et pour recouper plus efficacement les données venant des différentes zones. La récolte minutieuse des observations sur trois années consécutives d'expérimentation a montré que la gestion de l'eau par un tel maillage concentrique produit d'excellents résultats. Le parc a petit à petit retrouvé une répartition saine de l'eau des trois fleuves et une voie de coexistence pacifique entre l'homme et la nature.

 

Les avantages de la restauration du parc de Sanjiangyuan 

Si le stockage de l'eau augmente localement, cela a un impact direct sur la régulation des fleuves et la prévention des sécheresses, cela limite aussi le nombre de barrages à construire sur les fleuves, ainsi que les dangers liés aux barrages pour les pays situés en aval.

Quelques chiffres éloquents sont éloquents à ce sujet : l'augmentation annuelle du stockage de l'eau a grimpé à plus de 6%, et la couverture des prairies a augmenté de plus de 11%. Les satellites de télédétection ont montré que le plateau reverdit.

Ce sont des résultats très encourageants, ils indiquent que l'écosystème se stabilise et est en voie d'assurer le maintien de la biodiversité dans les décennies à venir. 

Dès lors, l'expérience pourra être reproduite dans d'autres parcs nationaux.