La Chine, leader mondial des installations vertes en 2024

par Elisabeth Martens pour Chine-écologie, le 19 août 2025

La Chine a atteint son pic maximal d'émissions de CO₂ en 2023 : elle est arrivée à 12,3-12,5 Gt, soit environ 33% des émissions mondiales. Son objectif officiel était d'atteindre 1 200 GW de solaire et d'éolien d'ici 2030, alors qu'elle avait déjà atteint environ 1 000 GW fin 2023.Le taux de CO₂ a commencé à baisser en 2024 (-1 à -2%) et la Chine connaît un déclin structurel depuis de 2025 (selon l'AIE et CREA), soit six ans avant l'objectif officiel de 2030. Elle marque un tournant historique.

 

La Chine établit un nouveau record mondial en 2024 avec l'installation massive de capacités solaires et éoliennes, affirmant son leadership dans la transition énergétique.
La Chine établit un nouveau record mondial en 2024 avec l'installation massive de capacités solaires et éoliennes, affirmant son leadership dans la transition énergétique.

La Chine a largement dominé le déploiement des énergies renouvelables en 2024. Elle a connu une explosion des énergies renouvelables : le solaire et l'éolien ont compté pour 40% de la production électrique en 2025. Mais elle a aussi pu compter sur une nette décroissance de la construction immobilière (un secteur très énergivore), et une politique industrielle qui vise l'efficacité énergétique.

Cependant, si la Chine a écourté son pic de CO₂ grâce à une révolution énergétique, de nombreux paradoxes persistent. Même en réduisant drastiquement son intensité carbone grâce aux énergies renouvelables, elle reste le premier émetteur de CO₂ (30% des émissions mondiales). Un des défis de la Chine est de réduire l'exploitation du charbon tout en maintenant sa croissance. En effet, le pays a encore besoin des centrales à charbon pour stabiliser le réseau électrique (le charbon a fourni 55% de l'électricité en 2024). Un autre paradoxe est la production de 60% de l'acier et du ciment au niveau mondial, or ces industries très polluantes servent principalement à l'exportation.

Toutefois, les sécheresses, les canicules répétées et les inondations catastrophiques ont accéléré la prise de conscience et, par conséquent, la transition économique : d'un modèle d'industries lourdes (acier, ciment), la Chine est passée aux hautes technologies (véhicules électriques, batteries, solaire). Par ailleurs, la politique industrielle chinoise est compétitive, les coûts des installations renouvelables sont ultra-bas (panneaux solaires : 60% moins chers qu'en Occident), et l'Etat intervient avec des subventions. La Chine exerce aussi un contrôle sur les minerais critiques, elle fournit 80% des batteries des véhicules électriques et 90% des terres rares.

Les énergies renouvelables chinoises sont devenues hyper-performantes : en un an seulement (2023), la Chine a installé 230 GW de solaire et d'éolien, soit l'équivalent de tout le parc français. La Chine ajoute plus d'énergie solaire en un an que les États-Unis n'en ont au total.

64% des nouvelles capacités renouvelables installées dans le monde en 2024 l'ont été en Chine (solaire, éolien, hydroélectricité, stockage) alors que l'Union Européenne et les États-Unis ont, au total, installé moins de 20% des nouvelles capacités vertes mondiales. Plus de 50% de la production mondiale de panneaux solaires et d'éoliennes vient de Chine. La Chine renforce son leadership climatique, marginalisant les États-Unis dont le pic de CO₂ est prévu vers 2028 et l'Union Européenne dont le pic de CO₂ est déjà dépassé.

 

La plus grande usine d’hydrogène vert se trouve en Chine Sources : AIE, Global Energy Monitor, BloombergNEF, CREA, 2024
La plus grande usine d’hydrogène vert se trouve en Chine Sources : AIE, Global Energy Monitor, BloombergNEF, CREA, 2024