Centrales à charbon : la Chine donne le mauvais exemple

par Jean-Michel Gradt, le 28 mars 2019

Le nombre de centrales en construction recule partout dans le monde. Sauf en Chine, où les capacités vont augmenter de 30 % d'ici à 2030.

 

Un mauvais élève ne joue pas le jeu, et c'est toute la classe qui est punie. Le nombre de centrales à charbon en développement dans le monde a en effet reculé partout dans le monde pour la troisième année de suite… sauf en Chine. Une exception qui suffit à inverser totalement la tendance vertueuse, montre le rapport « Boom and Bust 2019 - Tracking the global coal plant pipeline », publié jeudi par Global Energy Monitor, Greenpeace et Sierra Club.1

Le nombre de centrales en construction a pourtant reculé de 39 % sur un an et de 84 % sur trois ans, celui des projets en phase de préconstruction de 24 % sur un an et de 69 % sur trois ans, et celui des centrales terminées de 20 % sur un an et de 53 % en comparaison de 2015.

Reste que « le nombre de centrales à charbon en activité est incompatible avec le maintien du réchauffement climatique nettement en dessous de 2 °C par rapport à l'ère pré-industrielle », l'objectif fixé par l'accord de Paris sur le climat, souligne Christine Shearer, chercheuse au Global Energy Monitor.

Actuellement la Chine détient à elle seule, avec près de 1.000 gigawatts (GW), près de la moitié des capacités des centrales à charbon mondiales, suivie par les Etats-Unis (259 GW) et l'Inde (221 GW). 

Et surprise, en dépit du soutien affiché par le président Donald Trump à cette énergie, c'est aux Etats-Unis qu'a été recensé l'an dernier une baisse 50 % du parc de centrales mises à l'arrêt sur le plan mondial - avec 45 unités équivalentes à 17,6 GW de capacité en moins.

La mauvaise nouvelle vient donc de Chine. Le Conseil de l'électricité chinois, l'organisme qui chapeaute le secteur de l'énergie, compte en effet accroître les capacités des centrale de ses centrales de 30 % au cours de la décennie à venir. Il a proposé de porter la capacité de production à 1.300 GW en 2030, « ce qui représente une capacité supplémentaire de 290 GW de plus que les niveaux actuels et un ajout supérieur à la capacité totale des Etats-Unis », note Christine Shearer.

Pis encore. Pékin, pourtant signataire de l'accord de Paris sur le climat en 2015, a investi l'an dernier 36 milliards de dollars dans des centrales situées dans des pays en développement. Une menace pour la planète.2 

Les centrales au charbon sont en effet les principales responsables de la hausse des émissions de CO2 qui ont atteint en 2018 un niveau que l'Agence internationale de l'énergie a qualifié de « sans précédent ». Selon elle, l'existence d'un parc de centrales relativement jeunes (12 ans en moyenne) situées en Asie, mais dont la durée de vie est de plusieurs décennies, a ouvert la voie à ce record de plus de 10 milliards de tonnes de dioxyde de carbone enregistré « pour la première fois ».

URL de l'article:  https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/centrales-a-charbon-la-chine-donne-le-mauvais-exemple-1004442

 

Notes :

1 https://endcoal.org/wp-content/uploads/2019/03/BoomAndBust_2019_r6.pdf

2 https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/pekin-continue-de-parier-sur-le-charbon-hors-de-ses-frontieres-807963